Omar Mahfoudi
« Je m’appelle Omar Mahfoudi. Né à Tanger (Maroc) en 1981, je peins, filme et photographie avec force les contradictions propres à mon pays natal et au monde contemporain depuis près de 20 ans.
J’ai commencé à dessiner avant que je ne sache écrire. Cela m’est venu naturellement et m’a permis d’explorer d’autres images et destins que ceux portés par ma société ou par des visions orientalistes. J’ai eu la chance d’avoir un professeur au collège qui m’a encouragé dans ma pratique. À partir de ce moment je me suis intéressé à l’histoire de l’art. Par les médiums que sont la peinture, la photographie et la vidéo, je tente de réinventer et de réécrire l’histoire de l’être humain par des émotions, parce que je viens d’une culture où l’art figuratif est interdit. De même, dans ma culture, l’érotisme est limité à une hypocrite et mince partie de la vie, bien que la sensualité y soit très importante. Je questionne les corps et la sexualité dans la vie quotidienne à travers l’érotisme propre à la peinture. Le regard que je porte est la somme de 15 années de réflexion qui sont désormais derrière moi, comme digérées. Depuis 2016, mon regard sur le monde est influencé par les problématiques politiques et humanistes, donnant à mon travail (toujours figuratif), un nouvel élan.
De la vidéo expérimentale au film d’animation pictural, mon œuvre vidéo témoigne de ma liberté d’expression et de ma vision sans complaisance des multiples paradoxes de la société contemporaine. J’essaye de créer des images qui touchent par leur souffle vital. Concernant la peinture et les performances de live-painting, la gestualité et l’action de peindre sont très fortes et prennent une dimension tantôt poétique, tantôt politique. J’en faisais la démonstration en 2017 au musée du Quai Branly dans un live painting, pour questionner la notion « d’exotisme ».
En 2018, l’exposition TANJAWI produite par le centre d’art Point Ephémère m’a permis de proposer un regard intime sur Tanger, en traduisant ma réalité par des techniques mixtes à l’instar de la vidéo, du dessin et de la photographie. Je voulais faire irradier d’un charme et d’une poésie magnétiques la thématique de l’amitié masculine dans la société marocaine, entre mélancolie, violence, et sensualité.
La même année, j’ai imaginé et organisé un projet articulé autour des musiques patrimoniales marocaines et de leur mémoire. Il s’agissait d’une écoute de l’album enregistré par Paul Bowles dans les années 50 au Maroc, d’une présentation du poète – figure emblématique de la Beat Generation – et de leur réception, trace, et influence aujourd’hui. Pourquoi ces musiques ont-elles disparu ? Quelle influence le politique et le religieux ont-ils exercé ces 50 dernières années sur les pratiques locales ? La conférence invitait des intervenants à La Colonie (Paris) qui ont échangé avec le public pour esquisser des réponses, mais aussi et surtout des questions.
Dans la continuité de la série Militaires et des techniques utilisées alors, j’ai prolongé mon travail sur les migrants ; comme prétexte pour représenter la foule, la multitude, l’exode, le mouvement…. Le geste est expressionniste, il caractérise mon travail, et est désormais associé à un trait géométrique.
En 2019, à travers la série Les Egarés, j’ai voulu donner suite à mon travail sur les migrants entamé en 2017.
J’y associais une revisite des classiques de la peinture romantique. J’entends par là le format monumental, qui revient d’ailleurs massivement dans la peinture contemporaine. J’ai eu envie de faire évoluer mon utilisation des couleurs et de passer de techniques basées sur des effets graphiques et géométriques à des techniques d’aplats et de coulures. Cet apport me rapproche d’images médiatiques, rappelant celles que l’on voit chaque jour à la télévision ou sur internet (voir la série Pixel Collage de l’artiste Thomas Hirschhorn). Cet effet plastique permet ainsi une distanciation et un rapport critique au thème traité. C’est donc une variation sur le même thème, la phase 3 de ma série sur le monde contemporain, qui s’inspire de notre quotidien et interroge le monde et notre rapport à ce celui-ci. »
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