Marion Mounic
Marion Mounic, née en 1992, vit et travaille à Sète.
L’artiste visuelle explore la mobilité et la plasticité des appareils de vision(s) que sont l’œil et l’esprit. Elle crée des atmosphères formant des expériences pluri-sensorielles. La vision altérée du visiteur le conduit dans le lieu d’une alternance entre caché et montré, où la perception devient ambivalente.
D’où vient, d’où vient-il
Que tu en aies
et les yeux
et les lèvres
et la couleur
et la chair de sapotille
dont la saveur en EXIL m’obsède tant.
Léon-Gontran damas – Pigments – névralgies (1972)
« Marion Mounic travaille l’espace, la lumière, le temps et la mémoire. Ses installations, qui relèvent toujours de la sculpture, engagent une résistance face à l’oubli et l’obscurité. La résistance est activée par l’expérience physique et sensorielle.
L’artiste poursuit différentes sources : celle de sa mère, atteinte d’une maladie oculaire, ainsi que celle de ses origines, qui par son père, sont intimement liées au Maroc.
Elle s’y rend une première fois en 2016, pour voir, pour sentir, pour comprendre.
Elle est attentive aux détails du quotidien, aux comportements, aux habitudes, aux matériaux. Il s’agit alors de retenir des sensations : l’huile d’olive dans la cuisine, les cocottes minute, une enseigne en néon, le soleil dans les yeux, l’odeur de la poussière. Ces éléments réapparaissent de manière plastique.
Ainsi, l’artiste plonge le Coran dans un bain d’huile d’olive (Propre cuisine – 2018), elle branche des cocottes minute à des moteurs, qui, posées au sol, entament d’une danse étrange dotée de cadences différentes (Samâ’ -2018). Ces œuvres traitent par extension du rôle des femmes, qui assignées à l’espace domestique, créent un territoire de paroles et de gestes résistants.
En filigrane de la pratique de Marion Mounic, se joue en effet une histoire de femmes. Plusieurs œuvres reposent sur une volonté de traduire les défauts de vision de sa mère dus à la maladie de Stargardt.
Des œuvres comme Chroma (2018), Angiographie (2018), Open (2018) ou Macula (2018) génèrent des expériences sensorielles s’efforçant à reproduire la vue de sa mère. Nos corps sont mis à l’épreuve de l’obscurité, de l’espace, de la lumière. Entre révélation et disparition, l’artiste articule les espaces symboliques pour tenter de matérialiser l’indicible. Il s’agit alors de prendre la mémoire à bras le corps, de nous la faire voir, sentir, toucher, entendre.
Marion Mounic recherche les sources de cette mémoire, la sienne, celle de sa famille et par extension des nôtres.
Ses œuvres manifestent autant une mélancolie de l’impuissance vis-à-vis d’une disparition inéluctable, qu’un élan vital, un empressement poétique s’attachant à retenir tout ce qui s’enfuit. »
Aux Sources, texte de Julie Crenn
Page de Marion Mounic dans documents d’artistes Occitanie