Cette soirée, qui prend place dans le cadre du cycle Noss Noss, est l’occasion pour le public de (re)découvrir le travail et la démarche de Gabriela Oberkofler.
Artiste de l’exposition, هويات.أدوار . أجناس / Geschlechter. Rollen. Identitäten. / Genre(s). Rôle(s). Identité(s), elle y présente deux autoportraits la montrant chargée d’un assemblage de chalets fabriqués à partir de cagettes en bois sur le dos (Gipfelstürmen, 2009).
Ce projet, développé alors qu’elle était en résidence en France, consiste à parcourir l’espace public en endossant une matérialisation de son lieu d’origine. Par association, l’escargot peut traverser l’esprit, mais sans s’y éterniser car au-delà de son lien avec Bolzano, c’est au poids de l’héritage culturel et historique complexe de celui-ci qu’elle s’attache.
En effet, s’il appartient aujourd’hui à la région autonome du Trentin Haut-Adige, ce territoire, objet de rivalités entre les germaniques et les italiens, finit à partir du 14éme siècle par relever de l’empire autrichien. À l’issue de la première guerre mondiale, il fut rattaché à l’Italie, et le mouvement fasciste œuvra à en effacer la mémoire avec des mesures telles que, pour n’en citer que quelques unes, le bannissement de l’usage de la langue allemande, ou le changement du nom des rues.
Maintenant cette installation mobile qui modélise la physionomie de sa contrée, aspire aussi à ranimer le souvenir des artisans nomades qui, leurs effets personnels sur l’échine, offraient leurs services en faisant du porte à porte.
Métaphore de la charge de ce capital socio-culturel porté en soi et sur soi, cette composition patrimoniale révèle ainsi la distinction entre le visible et cet invisible que sont les rapports de pouvoir, le brassage des populations, le legs de la mémoire collective.
La rencontre s’ouvre par ailleurs sur plusieurs projets développés par Gabriela Oberkofler où le monde animal a toujours une place centrale, comme métaphore de nos sociétés contemporaines et de nos identités plurielles. Elle est suivie d’un temps d’échange avec le public.
Extrait tiré d’un texte de Salima El Mandjra, 2017