Dans son œuvre, Eva Spierenburg examine le rôle d’identité et de conscience de soi de l’homme contemporain dans un monde complexe et en constante évolution. Ses personnages trouvent leur forme à l’intérieur de scènes archétypiques, dans lesquelles l’artiste mélange ses souvenirs et ses rêves avec des histoires existantes et faisant parti du patrimoine collectif, comme les mythes de cultures différentes ou encore des documents de Sartre et de Jung.
Dans le cadre de sa résidence au Cube – independent art room, Eva Spierenburg a examiné les points de corrélation qui existent entre les contes berbères et les contes européens – et en particulier le conte de « Hänsel und Gretel ». Fascinée par les motifs similaires aux contes du monde entier, Eva Spierenburg travaille sur ces archetypes révélateurs de l’âme de l’être humain.
Avec l’installation Le conte des contes, l’artiste créé un univers féerique : forêt, oiseaux, serpent et une scène de contes peinte sur une grande toile accrochée au mur. Chaque matériau est choisi minutieusement, pour ses caractéristiques formelles et de couleur, mais aussi pour ses évocations olfactives (les oiseaux présentés au Cube par exemple sont recouverts d’épices). Dans cette installation totale et immersive, le spectateur découvre des personnages et éléments des contes de fée berbères :
A droite, la sorcière devant sa grotte. Ici Eva Spierenburg emprunte la posture des jambes à une peinture de Goya qui dépeint des cannibales, le geste des bras est inspiré par un dessin de Hänsel et Gretel.
En dessous de la sorcière, un garçon s’accroupit au sol. Dans les versions berbères, le garçon est ignorant et faible, et se fait sauver par sa sœur rusée. Par conséquent, sur la toile le garçon est représenté d’une façon passive alors que la fille est en action.
En bas un grand serpent, symbole du coté obscure de l’âme humaine. Dans une des versions, la fille se marie avec un serpent après avoir quitté la grotte de la sorcière. Elle devient alors sorcière à son tour et essaie de tuer son frère à plusieurs reprises.
À gauche de la toile se trouve la belle-mère qui, en se débarrassant des enfants, a les perdreaux pour elle. Cette femme a les seins remplis de confettis, de jolis papiers colorés qui servent à nourrir les perdreaux, mais qui sont inutiles pour la maternité, inutiles pour une véritable affection.
Enfin, dans l’animation vidéo présentée, Eva Spierenburg poursuit son concept de l’interaction entre le masculin et le féminin : tour à tour, dans leur danse, l’homme et la femme se blessent et sont en phase l’un avec l’autre. Dans le conte de fée européen « Hänsel et Gretel » – le garçon et la fille – contribuent à leur survie à tour de rôle. Alors que dans les versions berbères, la fille est l’héroïne. Un jeu de rôles différents du masculin et du féminin, qui est aussi lié à la théorie de Jung sur Animus et Anima.
Eva Spierenburg est diplômée de l’Académie des Beaux-Arts de Utrecht, aux Pays-Bas depuis 2009. Sa pratique artistique allie peinture, installations et animation.
Documentation
• Dépliant de l’exposition
• « Le conte des contes » document de recherche par Eva Spierenburg
Presse
• « Psychanalyse des contes de fées »
• « L’artiste Eva Spierenburg travaille sur les archétypes imaginaires et universels des contes au Cube à Rabat » par Yasmine Belmahi
• « Eva Spierenburg : Le Conte des Contes » in Babelfan