Pour la première fois au Maroc et sur le continent africain, Le Cube – independent art room accueille Maria Hanl dans une exposition monographique qui fait suite à une résidence de l’artiste.
A travers son oeuvre, l’artiste autrichienne n’a de cesse de questionner la place des individus dans une société que nous modelons et qui à son tour nous influence et nous manipule.
Depuis 2011, elle parcourt, appareil photo en bandoulière, les centres commerciaux, ces temples modernes de la consommation et des loisirs, partant à la recherche, au Maroc comme ailleurs, des détails décoratifs qui contribuent à créer un espace hors du temps, artificiel, une utopie d’un monde paradisiaque. Comme par exemple cette scène de pique-nique bucolique avec nappe à carreau posée sur une herbe artificielle et offerte au regard bienveillant d’écureuils en plastique et de fées installées sur des balançoires fleuries, observée à Rabat.
L’architecture participe à la théâtralité de l’espace avec ses galeries suspendues d’où l’on peut contempler et être observé. Elle fait aussi référence à des connotations sacrales en recréant des espaces où l’atrium de verre semble laisser passer la lumière céleste que l’on pourrait atteindre en empruntant des escalators nous conduisant tout droit vers le paradis des acheteurs.
En extrayant les détails de ces mises en scène qu’elle réutilise dans différents médiums (vidéos, scènes dans des caissons, installation et photographies), Maria Hanl nous plonge dans le monde virtuel de ces centres commerciaux où l’on évolue comme dans une bulle et nous questionne sur notre place de consommateur et d’individu dans notre société.
Le propos de son exposition au Cube – independent art room est résumé par la vidéo de passants déambulant dans un centre commercial. Filmée à travers les vitres d’un aquarium, elle offre la vue sur un monde artificiel et irréel où les passants flânent entourés de poissons exotiques. Passants et poissons flottent dans un monde onirique où le temps semble s’être arrêté dans une ambiance de torpeur : la comédie de l’exotisme atteint alors son paroxysme.
Dans des caissons en bois, elle recrée l’univers exotique à partir de photos d’éléments découpés et positionnés de façon à ce que le spectateur devienne lui même acteur de cette mise en scène. Nous entrons dans le monde de l’artiste, consentant ou soumis, tel un individu/acteur dans notre société.
Les photographies isolent les éléments qui participent à la création de ce monde irréel et improbable où les plantes vivantes flétrissent par manque de soin et de lumière (réels). Elles accentuent ainsi son absurdité et rendent le subterfuge encore plus criant et aberrant.
Florence Jardin
Documentation
• Dépliant de l’exposition
• Plan de l’exposition
Paradis

Installation photographique
2015

Installation photographique
2015

Installation avec affiches publicitaires
2015