UM (ONE) est née d’une rencontre poétique d’affections et d’origines perdues : Alina d’Alva Duchrow, artiste brésilienne vivant au Maroc depuis 2020, et Ziad Naitaddi, artiste marocain, ont créé une installation multimédia à travers laquelle se connectent les souvenirs de débuts lointains et de déplacements qui ont modifié des terres, des vies, des noms et des significations dans le temps.
La recherche de Duchrow trouve un point de contact avec l’œuvre de Naitaddi en abordant la question de la migration et de ses échos. Le projet émerge de la superposition de deux histoires, de deux cartes avec un nom commun : Salé. Le chiffre « un » contient à la fois le tout et l’origine. Le son « um », qui signifie « un » en portugais, équivaut en arabe à « mère ». Une lettre a révélé aux artistes l’histoire d’un juif marocain qui a émigré en Amazonie à la recherche de plantations de caoutchouc.
L’œuvre comprend un ensemble de cinq images et une vidéo-installation réalisée par les deux artistes dans laquelle la contribution de chacun est matérialisée par la présence d’images issues de leur mémoire natale. Les images ont été créées par un processus de dialogue artistique entre d’Alva Duchrow et Naitaddi.
Grâce au transfert des médias – de la photographie au dessin et du dessin à la photographie - la médina de Salé et la vie dans la forêt amazonienne se superposent, créant des réalités hybrides. Cette action produit une sorte de déplacement des frontières des territoires symboliques et géographiques.
Par conséquent, les œuvres d’art juxtaposées suggèrent une existence fantasmagorique mêlant le physique et la métaphysique. Les souvenirs d’immigrants font apparaître deux paysages déplacés, chacun acquérant une nouvelle signification grâce à leur connexion.
Dans un exercice poétique du passé par le biais de la narration, les artistes redécouvrent une cartographie dans laquelle des mondes et des souvenirs distincts peuvent coexister et communiquer, sur la base d’un nouveau lexique1, un refuge sûr sur une terre partagée.
1 Nous rappelons l’artiste indigène Macuxi Jaider Esbell, décédé le 02/11/2021, dans le texte « Léxico para permundos – Como a entidade artista indígena pode ‘pescar’ em duas águas e servir a duplas comunidades ? ». L’artiste aborde la complexité de la pratique artistique en tant qu’indigène au XXIe siècle et revendique la possibilité d’un transit entre les mondes dans un refus de détruire toute existence et forme de vie. Il invoque la création d’un vocabulaire propre à la coexistence entre les mondes sans hiérarchies, dans le respect de toute vie et des opacités inhérentes à la culture de chaque peuple. Publié le 16/07/2020. Disponible sur http://www.jaideresbell.com.br/site/2020/07/16/lexico-para-permundos-como-a-entidade-artista-indigena-pode-pescar-em-duas-aguas-e-servir-a-duplas-comunidades/.
Programme autour de l’exposition:
Visite commentée avec Alina d’Alva Duchrow et Ziad Naitaddi
7 octobre à 18h
Visite commentée et artist talk avec Alina d’Alva Duchrow
4 novembre à 18h
Le projet a été réalisé avec le soutien de l’Ambassade du Brésil à Rabat.