Touda Bouanani
Artiste plasticienne, vidéaste pluridisciplinaire, le souvenir et la mémoire sont au centre de sa recherche, de son travail. Avec Conte de la énième nuit, 1993, elle entame l’écriture de vidéos poèmes ou de vidéos installations où s’entremêlent sa propre écriture à celle de Georges Pérec, Jorge Luis Borges, Fernando Pessoa ou Ahmed Bouanani.
Quand elle est étudiante aux Beaux-Arts de Bordeaux, elle parle souvent du travail de son père Ahmed Bouanani. Elle présente Le Mirage, son unique long métrage, sur un support VHS en version originale. Elle double en direct toutes les voix en français, en lisant sur papier la traduction faite par son père.
En 2006, un incendie a lieu dans l’appartement familial de Rabat. Son père, exilé dans les montagnes de l’Atlas depuis la mort de sa fille cadette Batoul en 2003, a alors pensé que tous ses manuscrits ont disparu. Patiemment, avec sa mère Naïma Saoudi, décoratrice et costumière, Touda a séché les livres, les costumes, les manuscrits et tous les papiers, photos, etc. Finalement elles trouvent de nombreux manuscrits, scenarii, romans, poèmes, nouvelles. Pour avoir une idée du volume, Touda Bouanani les a mis dans un coffre en bois, coffre qui est un élément de décor du film d’Ahmed Bouanani Les quatre sources, 1977 où le héros découvre son héritage dans ce même coffre.
En 2010, elle commence à représenter son père pour des présentations de ses films puis de ses livres. Elle organise un diaporama à bases de photographies où elle présente en même temps son travail et le travail qu’elle effectue pour conserver, répertorier, diffuser son travail. Depuis la mort de son père en 2011, puis de sa mère en 2012, Touda Bouanani est confrontée aux archives familiales et aux nombreux écrits inédits. En 2014, elle réalise Fragments de mémoires, 20 minutes, où elle dresse un portrait de son père et de sa famille à travers ses archives.
Elle développe une série de photographies avec Francesco Apruzzi où elle se met en scène dans des lieux de mémoires à travers le monde. Au-delà de la mémoire de son père, elle est préoccupée par l’importance de préserver la mémoire, le travail des artistes et des penseurs au Maroc et en Afrique.
Lien vidéo
• « Fiction 2 », 1997
• « Une Odyssée », 2015, en collaboration avec Malik Nejmi
Articles de presse
• « Touda Bouanani, dialoguer avec la mémoire » entretien avec Roland Carré in Répliques n°8, 2017
• « Voyage à travers le temps » par Salima Belefkih in La dépêche du Maroc n°9, 2016