« Espace privé / espace public,
Le boudoir, le savoir, le pouvoir dans l’œuvre de Zoulikha Bouabdellah »
Rencontre avec Nadine Descendre
Le boudoir est ce petit salon élégant autrefois aménagé à l’usage exclusif des femmes… une petite pièce dédiée à l’intimité des conversations informelles féminines et, par extension, aux affaires secrètes politiques ou diplomatiques.
On y était paradoxalement au plus profond de quelqu’un, de quelque chose. On y rejoignait aussi parfois l’essence de choses cachées, confidentielles ou clandestines… Mais, face à l’intime, coexiste également une autre forme de profondeur, celle que l’on partage, celle de la transmission plus solennelle et plus publique, relative à une collectivité.
Celle politique, également, mais relative à l’intérêt public.
Cette maïeutique Intérieur/extérieur, argumentation accompagnant la recherche de la vérité et de la connaissance, est au cœur de la médersa, lieu par excellence de la transmission des savoirs. Dialectique Espace privé / Espace public, elle est également inhérente au travail de l’artiste Zoulikha Bouabdellah.
La médersa mérinide de Salé, construite entre 1333 et 1341 par le sultan Abu alHasan ben Uthman sous la dynastie des Mérinides, est l’une des plus petites médersas du Maroc mais également l’une des plus merveilleuses d’un point de vue esthétique et patrimonial. Elle est un écrin, particulièrement exceptionnel, à l’instar de ces écoles qui jouent un rôle culturel, éducatif et politique.
L’histoire informe constamment le contemporain et, réciproquement, le contemporain opère une relecture de la réalité qu’il recouvre pour révéler l’invisible. Et ainsi le choix de ce lieu est plus qu’opportun. Et en effet, Zoulikha Bouabdellah, en appuyant parfois courageusement ses œuvres sur une notion d’irrespect fécond révèle des mentalités nouvelles, nées d’antagonismes forgés par des ancrages culturels qui se heurtent les uns aux autres. Elle fait se télescoper les contradictions du XXIe siècle.
Cette rencontre est organisée à la Medersa mérinide de Salé, en partenariat avec l’Institut Français de Rabat.