Dans l’ensemble de sa pratique, Hanane El Farissi travaille sur des problématiques liées à la mémoire et à la construction de l’identité, en plaçant son corps au centre de sa pratique.
L’exposition présentée actuellement au Cube – independent art room réunit les projets initié par l’artiste durant le summer’s lab. Hanane El Farissi y a développé une recherche visant à construire sa propre mémoire en redessinant et s’appropriant l’histoire de son père. Pour ce faire, elle a collecté des photographies et des témoignages de membres de sa famille, qu’elle assemble comme les pièces d’un puzzle dont le motif apparaît progressivement.
À l’instar du glacis qui consiste à enduire une toile de peinture transparente afin de former un voile et de créer une certaine vibration dans l’image, Hanane El Farissi recouvre de ruban adhésif douze photographies de son père. Si ce geste rend le papier indéchirable et empêche la dégradation des couleurs par la lumière, il produit également de nouvelles images, nébuleuses et incertaines, tels les souvenirs qui hantent les vestiges de nos mémoires.
Accrochées au mur comme le sont fréquemment les photos de famille, cette série forme un ensemble rhizomatique, sans commencement ni fin, permettant l’émergence d’une infinité de lectures et de récits.
Autre travail à partir de photographie de famille qu’elle modifie afin d’en interroger le sens et le contenu, Hanane El Farissi est intervenue sur une image en y brodant ses cheveux. Venant par ce geste envelopper la figure de son père, elle marque sa volonté de se saisir des réminiscences de son ascendant afin de construire sa propre mémoire.
Dans l’installation présentée salle 2, Hanane El Farissi répertorie une série de termes arabes synonymes du mot mémoire, qu’elle a ensuite transcrits sur le papier en y cousant ses cheveux. Le cheveu est la dernière substance du corps humain à se décomposer après la mort, et fonctionne comme un enregistreur grâce auquel nous sommes capables de déterminer plusieurs composantes de la vie d’une personne. Ainsi par ce geste, l’artiste tisse des liens entre la mémoire et sa propre identité.
Une troisième installation, discrètement posée dans une niche du Cube – independent art room, utilise le cheveux en tant que médium. Cette petite sculpture fonctionne comme un autoportrait, une allégorie de la mémoire de l’artiste.
Si les cheveux montrés jusqu’alors étaient tissés, tirés et ordonnés, ceux présents ici forment un ensemble farouche dont la forme varie avec le temps, à l’image de la mémoire.
Dans une salle à part, Hanane El Farissi présente son espace de travail, nourri de ses recherches. Les images, les objets, les livres et les notes fonctionnent comme un ensemble de sédiments venant former les strates de la mémoire. Aussi, la voix de l’artiste récitant les synonymes du mot mémoire en arabe résonne dans l’espace, et fait écho à l’installation située dans la pièce adjacente.
Documentation
• Dépliant de l’exposition
• Plan de l’exposition