Regula Dettwiler
Regula Dettwiler est née à Oberkulm, dans le canton suisse d’Argovie. Elle a d’abord étudié l’art à la Haute école de Lucerne, puis de 1991 à 1996, la sculpture auprès de Bruno Gironcoli à l’Académie des beaux-arts de Vienne. Des séjours à l’étranger et des bourses l’ont conduite entre autres à Chicago, Paris, Montréal et au Japon.
Regula Dettwiler vit à Vienne et à Kleinriedenthal (Basse-Autriche) et travaille dans les domaines du dessin, de l’installation, de la sculpture et de l’art dans l’espace public.
L’objet d’étude de Regula Dettwiler est la nature artificielle qui nous est offerte dans les endroits les plus divers : des mondes de loisirs artificiels aux fleurs artificielles, que Dettwiler reproduit à la manière d’un maître ancien.
Pour ce faire, elle adapte les méthodes de classification du botaniste et dissèque les bouquets de plastique ou de soie, souvent faussement réels, en leurs composants.
Les fleurs, les calices, les graines, les cosses, les tiges et les feuilles se rassemblent pour former un tableau d’affichage pseudo-scientifique.
Seuls ceux qui regardent de plus près peuvent voir les indices, qu’il s’agit de substituts, comme les petits trous par lesquels les parties sont reliées à une fleur à l’aide d’un système d’épingles.
Dettwiler note également le nom et l’origine de l’espèce. Pourtant, il n’y a pas de référence à l’endroit d’origine de la plante, mais plutôt « Made in Taiwan », ou « Made in China ».
Ici, la nature fait partie d’une esthétique de marchandise, une décoration reproduite avec une grande durabilité. La référence au caractère éphémère de tout ce qui est beau, l’affirmation dominante et métaphorique de la vanitas dans les natures mortes hollandaises, n’est pas valable ici.
Les études botaniques de Dettwiler présentent des plantes produites industriellement comme des objets de recherche en série, dans un processus excessivement méticuleux et prolongé, comme s’il s’agissait d’un domaine scientifique jusqu’alors non développé.
Sur ses grandes feuilles, l’artiste confère, grâce à son sérieux et à son réalisme, une aura unique à un phénomène jusqu’alors écarté de manière dédaigneuse (mais ce n’est que du plastique !).
Son archive est celle de l’artificialité et de la mondialisation de la production. Les orchidées sont également produites en masse dans le monde entier à faible coût et sont donc accessibles à tous et, surtout, sont abordables. La rareté, la culture délicate et les soins, qui entouraient auparavant ce symbole de statut, ont disparu depuis longtemps.
La nouvelle production artificielle se caractérise par sa disponibilité immédiate pour tous. Elle est depuis longtemps intégrée dans la circulation commune des marchandises rapidement consommées et jetées. La nature ne fixe plus les conditions du plaisir ; à la place, chacun peut décider de la durée de son plaisir, lorsque les décorations de la pièce que l’on a achetées ne sont plus assorties au mobilier ou au tapis.
Dettwiler accompagne ce processus d’une critique subtile, sans doigt avertisseur et sans accusations.
(Texte: Gabriele Mackert, commissaire d’exposition)