Cette exposition, qui fait suite à une résidence de Wiame Haddad au Cube – independent art room, présente le projet photographique et vidéo Ceux qui restent développé par l’artiste depuis deux ans.
« Ceux qui restent est un projet photographique qui tente de mettre en miroir le parcours d’une vie tumultueuse, subie par ces antihéros que sont les anciens prisonniers politiques marocains, face à une mise en scène nécessaire à ma pratique photographique.
J’ai eu la possibilité de travailler avec plusieurs anciens prisonniers politiques marocains.
Après les deux coups d’états perpétré contre le roi Hassan II (1971 et 1972 ) , il y a eu au Maroc une grosse période de répression, plusieurs personnes ont été envoyées dans les prisons marocaines et notamment à Tazmamart. Ce bagne, situé dans le sud du Maroc, a pendant vingt années abrité 60 personnes dont plus de la moitié a péri. Après avoir rencontré ces hommes et leur avoir présenté mon projet, j’essaie de développer une relation avec chacune de leur histoire, de leur parcours politique et de leur terrible emprisonnement. Empreintes d’une alchimie que je souhaite subtile entre survie, espoir et résistance, les histoires que je tente de raconter se confrontent aux réalités sociales et politiques actuelles.
Ma démarche artistique se construit au croisement d’une volonté politique et d’un souci esthétique. La notion du temps suspendu est importante dans ce projet, les détenus que les années de plombs ont figés dans des espaces terribles ont survécus dans un espace temps parallèle.
Ce sont des outsiders qui ont trainé à mourir, qui ont tenté de survivre en dehors d’une temporalité quotidienne. Le rapport entre ces corps et le temps est central ici car il met en évidence ce flottement qui existe entre ces deux entités, et c’est ce que Ceux qui restent tente de nous exposer. Ces corps ont déambulé pendant des années dans des espaces en suspend et tout l’enjeu photographique est de rendre compte de cette contradiction.
La proposition photographique que je fais ici, tend à donner une nouvelle dimension à la réalité de ces corps. En figeant les corps des anciens, eux-mêmes figés pendant plusieurs années à cause de leur emprisonnement, il s’agit de créer une nouvelle temporalité et de réactiver le temps en donnant la possibilité à ces corps de se faire face dans un espace d’exposition suscitant ainsi une interaction entre chacun de ces portraits.
Les images sont pensées dans une idée de mouvement, elles se refusent à construire une narration précise, il s’agit plus de faire surgir des pièces distinctes qui prennent forme dans un assemblage photographique.
J’essaie d’inscrire ce projet, dans une déambulation visuelle qui tente de capter les luttes symboliques de ces hommes et femmes, disparus puis enfermés dans ces lieux obscurs, que l’histoire à soigneusement et longtemps figé dans le silence. Il me semble nécessaire de fixer ces corps meurtris mais également les lieux qu’ils ont désertés, comme pour redéfinir ces espaces et ces temps presque irréels.
Il s’agit de mettre en place des cellules photographiques et de construire un espace fictionnel dans lequel tous ces corps redeviendraient libres de se faire face. »
Wiame Haddad
Documentation
• Livret de l’exposition
Presse
• « Souvenirs du bagne » par Kenza Sefrioui in TelQuel
• « Ceux qui restent » par Meryem Sebti in Diptyk n.29
• « Ceux qui restent » in Afrique in visu
Événements associés
new generation
Ceux qui restent





